Communiqué du collectif suite au procès en appel de juillet

Publié le par RefusADN


Communiqué de RefusADN Rouen

à la suite du procès en appel pour refus de prélèvement biologique destiné au FNAEG


"Le totalitarisme n’est pas une dérive du contrôle social mais bien son essence"


Le 1er octobre tombera un nouveau verdict, une nouvelle sanction. Même une relaxe sanctionne. Elle dit « c’est bon, vous êtes libre d’aller, l’État ne vous réclame rien — pour cette fois ». Mais après la relaxe peut venir l’appel du parquet, comme ce fut le cas l’été dernier. Et quand bien même il n’y aurait « qu’un » procès, tout cela c’est du temps et de l’argent, de l’énergie, de la force, que l’État et sa Justice te pompent, exigent que tu leur sacrifies.


Heureusement il y a la lutte, la chance de briser l’isolement, de pouvoir s’organiser pour ne pas rester seul face à la machine judiciaire. De recevoir des pétitions, que de parfaits inconnus, ou des gens que l’on connaît peu, ont fait signer à leurs parents, leurs amis, à un concert, une soirée. D’organiser des débats, des projections, des concerts de solidarité. De rencontrer des collectifs qui luttent et travaillent depuis quelque temps sur ce qui t’arrive, et qui en a frappé d’autres avant toi. Le « refus de prélèvement biologique » s’inscrit dans une lutte plus large contre la biométrie et le contrôle social. Une chance : cette lutte est à l’évidence plus facilement compréhensible que celles contre la prison, les centres de rétentions, contre le salariat, ou l’État. Bien souvent ceux qui luttent contre tout cela se retrouvent plus isolés que jamais. Mais il faut se dire qu’il existe dans ce monde des amis, des camarades de lutte, qui toujours prendront parti à nos côtés. La solidarité, dans cette société policée où tout acte militant, tout acte politique, tend à être criminalisé, est plus que jamais une arme. Heureusement qu’il y a la lutte.


Depuis quelques années, après Octobre et ses émeutes des banlieues, le CPE et son conflit qui se généralisait, les élections et leurs « manifs anti-Sarko », le mouvement contre la LRU et sa solidarité avec les cheminots, le pouvoir cherche à écraser la révolte. Et demain les nouvelles luttes n’échapperont pas au rouleau compresseur de la justice d’État, à la mise à l’amende judiciaire et financière. Tous ceux qui ne veulent pas être mis au travail, à l’heure où il est évident que le monde du travail et la société de la «  croissance » courent à notre perte, doivent s’attendre à être la cible du contrôle social. RG, fichage ADN, depuis peu le système EDVIGE, autant de ressources dont dispose la police pour l’exercice de ce contrôle. Pas besoin d’une dictature pour que les citoyens soient fichés, espionnés et suspectés à loisir, les démocraties occidentales font ça très bien.


On peut dire en un sens que les « moyens » de controle sont egalement une fin en soi. La biometrie, par exemple, est un nouvel outil de domination, compose de tout un ensemble de technologies de pointe et de dispositifs individualisants : portiques, bornes, scans, etc., sans compter les telephones portables, GPS, et autres puces RFID qui permettent un suivi precis de tous nos deplacements, de toutes nos activites. Mais la biometrie, dans le meme temps, porte en elle le projet d�une societe dans laquelle le vivant sera parfaitement objective, mesurable, chosifie : si la vie n’est pas encore tout a fait devenue une marchandise, elle n’en est pas moins d'ores et deja consideree comme une donnee quantifiable, a laquelle on peut appliquer diverses regles de comparaison. L’identitifiabilite totale, chere au pouvoir, est realisee par la biometrie en meme temps que l’equivalence universelle, necessaire au marche. Et cela n’a rien d’etonnant, au vu de l’etroite collusion entre les puissances etatiques et les marches financiers. On imagine assez bien comment des compagnies privees, d'assurances par exemple, peuvent utiliser des fichiers biometriques etablis en premiere instance par la police.


Refuser le fichage, ce n’est pas seulement vouloir éviter la sanction pour une éventuelle infraction. C’est surtout refuser la logique du contrôle, qui veut nous tenir constamment dans son collimateur, en citoyen, soumis et docile. Si le champ de la « criminalité » et de la « délinquance » ne cesse de s’étendre pour recouvrir un spectre de plus en plus large d’activités, il nous faut trouver des moyens, des actes et des énoncés permettant de lutter ensemble contre le contrôle social. Résister à la biométrie, c’est lutter contre le fichage et sa généralisation. C’est, pour cela, réfléchir aux liens qu’entretient le pouvoir avec le contrôle social, public ou privé, et à ceux que nous pouvons créer, pour nous soustraire à l’un comme à l’autre, tant il est clair que notre vie quotidienne leur échappe de moins en moins. C’est résister à l’avancée de la domination dans nos vies, dans nos rues, dans nos têtes. C’est donc penser le politique, non pas sous l’angle de la résignation et de l’attachement aux mesquines «  libertés individuelles », mais dans la perspective de réaliser collectivement les conditions de notre liberté effective. Et pour cela, tisser des solidarités. Des caisses de soutien pendant les grèves, anti-répression dans les mouvements, des moments pour se rencontrer, discuter, et découvrir des amitiés qui nous permettent de tenir. De faire face, pour ne pas reculer. Ce n’est qu’ensemble que nous avancerons.


Nous appelons donc tous les collectifs, formels et informels, s’intéressant à la question du contrôle social au sens large, à multiplier les projections, débats, réunions publiques, sur des thèmes comme la biométrie, la vidéosurveillance, les puces RFID (identification par fréquence radio, dont sera équipée INES, la future carte d’identité française), les nanotechnologies et leurs applications. Il est important que de réflexions collectives naissent et s’articulent des idées et des pratiques, qui nous permettent d’en finir avec le mythe de l’insécurité, et de sa prétendue résolution par le pouvoir, à travers une gestion toujours plus intrusive de nos faits et gestes.


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